Le Mont Molden

Le meilleur point de vue du Sognefjord d’après les guides touristiques. Nous ne démentirons pas, la vue est vraiment exceptionnelle, surtout par un temps aussi beau qu’aujourd’hui. Il fait un peu moins chaud ce matin mais, avec le soleil, la température monte vite malgré tout. Nous sommes bien contents de ne pas avoir entrepris cette randonnée hier après-midi sous 30°.

Nous nous garons au parking de Krossen (gratuit, ce qui est assez rare pour être mentionné). Le sentier démarre à l’ombre, dans une forêt assez dense. La conséquence c’est qu’il faut marcher à travers des entrelacs de racines. En sortant de la forêt, on s’arrête à un premier point de vue sur le Lustrafjorden.

D’ici, on voit très bien le village d’Ornes où nous étions hier matin pour visiter l’église.

Un peu plus haut, nous arrivons à Svarthiller, un ancien refuge (rustique le refuge !). Là aussi, la vue porte jusqu’à Ornes à gauche et Solvorn à droite, dans le creux.

Le sentier s’élève ensuite subitement et il faut parfois s’aider de ses mains pour monter. Puis le sol se nivelle un peu et on arrive enfin au sommet, à 1116 mètres au-dessus du fjord. Du sommet, on aperçoit au loin le massif du Jotunheimen où se situe le point culminant de la Norvège (2469 mètres). On voit aussi le Nigardsbreen et le haut du Jostedalsbreen.

À partir de là, il n’y a plus qu’à redescendre par le même chemin, ce qui n’est pas plus simple que de monter ! Avec les pauses, nous aurons mis 4h40 à faire cette randonnée de 10 km et 630 mètres de dénivelé positif.

On déjeune à la maison, puis chacun vaque à ses occupations. On commence d’abord par lancer une lessive car nous avons apporté plus de vêtements semi-chauds que de shorts ! Donc dès qu’on peut, on les lave pour les remettre aussitôt !

Le propriétaire du Airbnb nous a gentiment proposé d’utiliser son kayak alors Léo et Laurent partent faire un tour sur le fjord devant la maison. Vous voyez le petit kayak à gauche de l’île ? Ce sont eux.

Pour Axel et moi, le programme est moins sportif.

Solvorn, Urnes et Nigardsbreen

Après une presque grasse matinée, nous faisons un petit quart d’heure de route pour aller à Solvorn. Ce village est situé sur les rives du Lustrafjorden, un bras intérieur du Sognefjord. Non seulement le village est super mignon mais il s’en dégage une tranquillité qui donne envie d’y rester. Les hangars à bateaux colorés s’alignent le long de l’eau turquoise où les baigneurs barbotent, le soleil brille, les maisons sont fleuries, c’est calme. L’endroit rêvé pour passer des vacances !

De Solvorn, un ferry permet d’atteindre le village d’Ornes sur la rive d’en face, qui abrite la plus ancienne et la plus décorée des églises en bois debout de Norvège : Urnes stavkirkje. Elle est inscrite sur la liste de l’UNESCO depuis 1979. Posée sur des fondations en pierre qui l’ont protégée de l’humidité, elle a traversé les temps depuis le 12ème siècle. À l’intérieur, un ensemble de sculptures du Christ, de la vierge Marie et de Saint-Jean datent également du 12ème siècle, tout comme le siège qu’occupait le riche donateur de l’église. Les peintures du Christ sont d’origine et celles de Marie et Jean n’ont pas été rénovées depuis le 13ème siècle. Les troncs d’arbres qui composent la structure de l’église ont été abattus entre 1129 et 1130. Un bail !

On regarde la montre et il est déjà temps de repartir si on ne veut pas louper le ferry de 12h30. Nous avons fait la traversée en mode piéton et il n’y en qu’un par heure, alors on ne traîne pas et refaisons le trajet à pied pour aller à l’embarcadère. Ça va mieux dans le sens de la descente parce qu’à l’aller ça grimpe sec ! Je ne pensais pas que l’église était perchée si haut !

Nous faisons juste un rapide arrêt pour acheter une barquette de framboises. En Norvège, on trouve des stands de vente de fruits en libre service un peu partout au bord des routes. Le tarif est indiqué sur une pancarte, on laisse les sous dans la caisse (celle-ci avait les clés dessus) et on prend sa barquette de fraises, cerises, framboises… Le concept repose sur la confiance et je trouve ça génial que ça perdure. On a quand même surpris une dame piquer une framboise dans une barquette sans l’acheter mais bon, elle n’a pas piqué dans la caisse, ça va.

Nous avions prévu de faire la randonnée jusqu’au sommet du mont Molden cet après-midi mais il fait trop chaud. On préfère reporter à demain matin et plutôt aller chercher un peu de fraîcheur au pied d’un glacier. On déjeune à la maison et repartons donc en début d’après-midi pour le Nigardsbreen. Facile d’accès, il est l’un des bras du plus grand glacier d’Europe continentale, le Jostedalsbreen. Pour s’y rendre, la route longe la magnifique rivière Jostedøla, alimentée par l’eau des glaciers.

La randonnée pour atteindre le pied du Nigardsbreen fait 5,2 km aller-retour. Le sentier est assez glissant car on marche la plupart du temps sur de grandes dalles de pierre. Ce n’est pas une rando à entreprendre par temps humide ! Des escaliers en bois et des cordes aident à franchir les endroits les plus critiques.

On met une bonne heure à monter jusqu’à une sorte de belvédère naturel face au front du glacier. À partir de là, l’accès est réservé aux groupes avec guide.

On voit parfaitement les cavités formées par la fonte des glaces et l’eau qui en jaillit avec une force colossale. Le vent est terrible et il est rafraîchi par la proximité du glacier. Ça fait du bien avec cette chaleur mais on aurait presque froid du coup 😁

Je vous mets une petite vidéo pour ressentir la force des éléments.

Du Hardangerfjord au Sognefjord

Aujourd’hui nous passons du deuxième plus grand fjord de Norvège au fjord le plus long. Non seulement le plus long de Norvège mais aussi le plus long d’Europe.

Je ne résiste pas à mettre encore une photo de la vue ce matin sur le Hardangerfjord. Suivant l’heure de la journée, les couleurs et la lumière changent, on ne s’en lasse pas.

Nous partons tranquillement vers 9h30 en direction du nord. La route longe le fjord et certains passages étroits sont difficiles à négocier pour les gros véhicules, nécessitant parfois l’intervention d’autres automobilistes pour faire la circulation ! Tout cela prend un certain temps, il faut rester zen.

Sur notre itinéraire, nous traversons un tunnel avec un rond-point à l’intérieur ! les norvégiens sont les rois du tunnel, il n’y a pas une journée où on n’en traverse pas une petite dizaine.

Peu après, nous arrivons à Vøringfossen. La chute d’eau la plus connue de Norvège tombe de 182 mètres dans la vallée de Måbødalen et une autre fine chute lui fait face. Les installations récentes pour visiter, et surtout sécuriser le site, permettent de longer la rivière et voir la cascade sous toutes les coutures. Une passerelle impressionnante enjambe le ravin pour rejoindre le point de vue le plus haut.

Nous redescendons vers Eidfjord pour pique-niquer. Nous cherchons un endroit à l’ombre car il fait encore très chaud aujourd’hui (29° à Eidfjord). Ce village situé au fond du Hardangerfjord est assez mignon et des pelouses accueillantes font notre affaire pour manger au bord de l’eau en regardant les gens qui sautent d’un ponton et se baignent.

Nous dépassons la ville de Voss, qui donne son nom à l’eau minérale norvégienne haut de gamme vendue en bouteilles très design. Puis nous nous arrêtons au camping Tvinde. Pourquoi s’arrêter dans un camping alors qu’on ne campe pas ? Parce qu’il faut traverser ce camping pour aller voir la belle cascade située au fond.

Nous suivons ensuite la magnifique route 13 qui traverse des paysages montagneux. À Vikoyri, un petit crochet s’impose pour admirer une église en bois debout : Hopperstad stavkyrkje, bâtie au 12ème siècle.

Sur plus de 1000 dénombrées, seules 28 de ces églises médiévales en bois typiques de la Norvège ont pu être sauvegardées. La dénomination de « bois debout » vient de leur structure constituée de mâts en bois (des troncs entiers en fait). Avec son architecture haute et ses têtes de dragons stylisées, on peut dire qu’elle a du style cette petite église. Mais elle n’a cette apparence que depuis la fin du 19ème siècle, lorsqu’un architecte l’a restaurée sur ses fonds propres. Auparavant, elle avait été dépouillée de tous ses ornements extérieurs.

La route 13 se termine en cul-de-sac à Vangsnes. Il faut attendre le ferry pour traverser le Sognefjord. Les mensurations de ce fjord battent presque tous les records : le 2ème plus long du monde, le plus large de Norvège et une profondeur qui atteint plus de 1300 mètres sous le niveau de la mer.

Nous longeons le Sognefjord jusqu’à arriver sur l’un de ses bras, le Barsnesfjorden, où se trouve notre maison pour les 3 prochains jours. On a encore une vue de malade depuis la terrasse et le salon.

Ryfylke turistvegen

Après le réveil matinal d’hier, on ne se précipite pas ce matin. Nous partons de Stavanger à 9h30, reprenons l’interminable tunnel sous-marin, puis un ferry. On a de la chance car le ferry est à quai et on peut embarquer directement.

À partir de là, la route devient de plus en plus belle et aussi de plus en plus étroite. On enchaîne les virages et les « oh c’est beau ici » « oh un mouton » « wouah la cascade elle est énorme » « t’as vu la cabane avec le toit végétal ? »… Bref, cette route touristique nationale est un ravissement et nous faisons de nombreux arrêts.

Lovrafjorden et sa mini île habitée

En Norvège, il y a les parcs nationaux et les « turistvegen ». Ce sont 18 routes touristiques nationales reconnues pour leur qualité paysagère (lien vers le site officiel https://www.nasjonaleturistveger.no). La Ryfylke turistvegen est la première de notre voyage et quelques autres devraient suivre.

Juste avant Sauda, la cascade Svandalsfossen n’est pas très impressionnante vue de la route. Mais un escalier permet de la remonter et d’accéder à l’étage supérieur qui est très beau.

On pique-nique à Sauda, au pied du petit phare tout mignon situé au fond du fjord. On tient compagnie à un pêcheur qui ne semble pas attraper beaucoup de poissons.

La suite de la Ryfylke est une succession de jolies vues sur les montagnes, les fjords, les lacs où nous croisons plus de moutons que d’humains ! Les maisons sont presque toutes coiffées d’un toit végétal qui se fond dans le paysage. C’est tout simplement magnifique d’autant plus que le soleil nous accompagne.

En début d’après-midi, nous arrivons à Latefossen. Cette double chute d’eau au débit impressionnant est visible de la route, ce qui ne manque pas de provoquer des embouteillages. Des agents sont présents pour réguler la circulation mais avec un parking de seulement une vingtaine de places le long de la route, c’est forcément compliqué.

Nous nous arrêtons faire des courses à Odda, une jolie bourgade située tout au fond du Hardangerfjord, l’un des plus grands fjords du monde avec ses 179 km de long depuis l’océan.

Notre logement pour les deux prochaines nuits se situe en surplomb du Hardangerfjord. Les montagnes sur l’autre rive culminent à 1660 mètres et la neige donne naissance à des cascades qui dévalent les pentes de tous les côtés. L’intérieur de notre maisonnette est simple mais confortable et on a une vue 4 étoiles !

Notre « chez nous »
La vue depuis la terrasse

En cette belle journée ensoleillée, face à ces paysages si merveilleux, nos pensées allaient à notre copain Yann qui vient de rejoindre les étoiles.

Le Preikestolen

Une falaise de granit de forme cubique qui tombe à pic dans le Lysefjord 600 mètres plus bas, ça vous dit quelque chose ? Je suis sûre que vous avez déjà vu ce lieu emblématique de Norvège hautement touristique. C’est l’une des randonnées les plus célèbres du pays, ce dont on se rend vite compte en voyant le nombre important de personnes qui se pressent sur le chemin pourtant escarpé et pas facile.

Ça commence direct par une montée qui nous fait passer de 267 à 542 mètres d’altitude dans des rochers, sur une distance de 2 km. Le dénivelé total de la rando est de 450 mètres sur une distance totale de 9,8 km quand on fait la boucle (ou un peu moins de 9 km si on fait l’aller-retour par le même trajet). Nous on a fait la boucle.

Un peu de répit pendant la montée
Là c’est tranquille mais il va falloir franchir la barre rocheuse qui se dresse devant nous
Une fois en haut, on aperçoit le chemin de bois tout en bas
On y est presque
Encore un petit effort

Nous voici enfin parvenus au Preikestolen. C’est impressionnant, surtout quand on regarde en bas !

Bien que nous ayons commencé la randonnée à 7h30, il y a déjà beaucoup de monde. Les gens font la queue pour se faire prendre en photo au bord de la falaise. On passe notre tour !

Pour faire la boucle, il faut un peu escalader des rochers au début. On se retrouve alors au-dessus du Preikestolen. D’ici on voit bien sa forme carrée (et les gens à la queue leu leu !).

Autant sur le chemin officiel on ne peut pas se tromper de direction tellement il y a de monde, autant ici nous sommes seuls. Pour trouver notre direction, on essaie de repérer les T rouges parfois presque effacés et on se réfère au tracé sur nos applis de randonnée.

La météo se gâte et on essuie une averse de quelques minutes. Rien de très méchant mais suffisamment pour qu’on enfile nos ponchos !

La pluie rend les rochers glissants alors la vigilance est de mise pour la descente. Descente qui est exténuante pour moi. J’en ai les jambes qui tremblent tellement je tétanise à force de descendre ces marches inégales dans la roche. Je commence à stresser pour la rando de 20 km prévue à Trollltunga dans 2 jours ! Je ne serai jamais remise d’ici là et je crains de ne pas y arriver ! Celle d’aujourd’hui est classée « modérément difficile » alors que Trolltunga est classée « difficile »…

Pour le retour vers Stavanger, nous reprenons la même route qu’à l’aller et passons de nouveau dans le tunnel sous-marin de 14 km de long. Je n’aime toujours pas les tunnels et savoir qu’en plus je suis sous la mer ne me rassure pas ! Il y a bien une autre option qui consiste à prendre un ferry mais ça double le temps de trajet, donc je prends sur moi et je ferme les yeux.

L’après-midi de repos est le bienvenu pour tout le monde. On ne ressort qu’en fin de journée pour aller dîner en ville au Døgnevil burger (très bon). Les rues pentues de Stavanger permettent de faire un petit décrassage pour les cuisses.