Câmara de Lobos & Cabo Girao

Aujourd’hui, nous quittons notre bel appartement de Funchal pour une maison que nous avons louée à Calheta. Seulement 40 minutes de route séparent les deux villes, alors nous prenons le chemin des écoliers.

Camara des lobos

Notre premier arrêt est pour Câmara de Lobos, qui signifie « la chambre des loups ». Les premiers explorateurs ayant découvert dans la baie une colonie de phoques moines, aussi appelés loups marins, choisirent de baptiser la ville ainsi. Le port est tout mignon avec ses barques colorées, ses petites maisons perchées sur la falaise, sa chapelle et les bananeraies qui couvrent la montagne au-dessus.

La ville est très portée sur le recyclage et la sensibilisation à l’utilisation de matériaux non polluants. Des « tableaux » en canettes métalliques et des œuvres faites à partir de déchets plastiques ornent les murs de la rue principale et le port. Je trouve que c’est super bien fait et que c’est une excellente manière de faire passer le message.

Après avoir pris une prune pour stationnement non payé (on n’a pas vu les horodateurs !), nous continuons vers l’ouest pour atteindre Cabo Girao. Il s’agit de l’une des plus hautes falaises du monde, rien que ça (c’est le panneau d’accueil qui le dit).

Cabo Girao

Une passerelle de verre permet de se placer au-dessus du vide pour voir les jardins à la base de la falaise (les ouvriers y descendent en téléphérique). C’est vertigineux et époustouflant comme panorama !!! Mais quelle idée bizarre d’être allé mettre ces cultures en bas… pas très pratique d’accès !

Pour déjeuner, on se pose sur la terrasse d’un petit resto en bord de mer. On voulait goûter à l’espada à la banane. C’est fait ! Et c’est très bon !

Le reste de l’après-midi est consacré à l’installation dans notre nouvelle maison et à la détente !

Pico do Arieiro

Le temps est de nouveau couvert aujourd’hui. Comme on a vite et bien compris le climat madérien, on décide d’aller là où on est sûr de trouver le soleil : au-dessus des nuages.

Le climat subtropical et la configuration de l’île font que les nuages, bloqués par le relief, s’accumulent autour des montagnes. Mais au-delà de 700 / 800 mètres, il fait généralement beau. Pour s’en assurer, le site netmadeira.com est super pratique car il recense les webcams installées un peu partout dans l’île. Vive les randos au temps du 2.0 !

La randonnée du Pico Arieiro au Pico Ruivo : un incontournable lors d’un voyage à Madère.

Après quelques courses pour le pique-nique, nous partons donc en direction du Pico do Arieiro. L’un des trois plus hauts sommets de Madère, qui culmine à 1810 mètres. Et comme prévu, on se retrouve au-dessus de la mer de nuages et il fait beau.

Avec le vent qui souffle, il ne fait que 19° mais on se réchauffe vite à marcher. L’intégralité de la rando consiste à relier les trois sommets en 11,5 km et 1200 mètres de dénivelé cumulé ! On verra bien jusqu’où nos mollets sont prêts à nous mener pour contempler les magnifiques paysages sans trop souffrir. Car cette randonnée est classée très difficile et elle est en effet exigeante tant pour les jambes que le souffle. De plus, certains passages aériens et étroits sont un véritable challenge pour ceux qui ont le vertige comme Laurent.

Le panorama est changeant et absolument sublime de part et d’autre du chemin. Je fais pas mal de pauses tellement j’ai envie de tout prendre en photo et aussi parce que cette rando est exténuante : ça ne fait que monter, puis descendre, puis remonter… J’ai le souffle coupé et les joues écarlates alors que d’autres marchent le souffle léger et le sourire aux lèvres. Je me fais même doubler par des personnes d’un âge certain qui ont l’air de ne pas souffrir du tout (note pour plus tard : penser à faire plus de sport !).

Passage impressionnant sur l’arête
On marche sur la crête avec le vide de chaque côté
Le radar en haut marque le début et la fin de la randonnée

Cette rando est sublime. Mais bon, les crêtes, arêtes, passages étroits avec le vide de chaque côté (appelez-les comme vous voulez) ont eu raison de la bonne volonté de Laurent. Le vertige est bloquant, on ne va pas plus loin. Cela dit, même n’en faire qu’une partie vaut le coup tellement les paysages sont fascinants dès le départ. Après 2 heures de marche, nous sommes de retour au parking.

L’heure est venue de reprendre la route vers Funchal… en passant dans les nuages qui apportent l’humidité nécessaire à la forêt.

Pour notre dernière soirée à Funchal, nous avons réservé à Taberna Madeira, un restaurant recommandé par la charmante propriétaire de notre appartement, qui n’est autre que Françoise Laborde ! Le patron est très sympa et on y mange très bien.

Funchal, Eira do Serrado et Curral das Freiras

Ce matin, c’est grasse matinée. Les vacances c’est aussi fait pour se reposer !

En fin de matinée, Laurent et moi partons pour une balade. L’appartement que nous louons est situé à l’est de la vieille ville, à 20 mètres de la mer et de la « plage » de Barreirinha. Idéal pour découvrir Funchal tranquillement.

J’ai mis « plage » entre guillemets car Madère n’est pas du tout une destination balnéaire. Il y a très peu de plages de sables. La plupart sont constituées de gros galets ou parfois d’une dalle de béton. Pas hyper glamour ni très confortable !

Le quartier Santa-Maria à Funchal

La « plage » au pied du fort

Le quartier Santa Maria est réputé pour ses portes peintes. Celle-ci représente justement le fort situé juste à côté :

Le marché, animé et coloré

Le temps est un peu couvert depuis ce matin. Après un bon burger à la terrasse du Barreirinha Bar Café, nous hésitons sur le programme de l’après-midi. J’avais prévu d’aller à Curral das Freiras et au point de vue d’Eira do Serrado mais je crains qu’on ne soit dans les nuages car c’est en altitude. On tente quand même.

Le belvédère d’Eira do Serrado

En route, nous traversons effectivement les nuages, les essuie-glaces se mettent en marche, mais finalement nous les dépassons et nous retrouvons au soleil, au-dessus des cumulus qui tentent de gagner du terrain mais restent bloqués par la montagne.

Le mirador d’Eira do Serrado est à 1095 mètres et offre une vue stupéfiante sur les villages nichés dans le cirque formé par de hautes montagnes qui semblent infranchissables. Le village de Curral das Freiras a été le refuge des nones de Funchal qui ont fuit les pirates au XVIe siècle. Vu l’isolement du village et les voies d’accès à l’époque, elle ont dû y trouver la tranquillité qu’elles recherchaient !

On distingue bien les cultures en terrasses, les poios typiques de Madère.

Le mirador d’Eira do Serrado vu depuis Curral das Freiras en bas :

L’église de Curral das Freiras

Le quartier de Monte à Funchal

De retour à Funchal 15 minutes plus tard, nous sommes de nouveau sous les nuages ! On fait un tour dans le quartier de Monte. Il y a ici un beau jardin tropical à visiter mais ça ne nous emballe pas trop les jardins… Par contre l’église est jolie.

Au pied de l’église partent les carreiros. Ce sont des traîneaux en bois et osier manœuvrés à l’aide de cordes par deux conducteurs. Le but du jeu est de dévaler les rues dont la pente peut atteindre 30%, voire davantage. La pente des routes ici est parfois ahurissante ! Ça doit être assez marrant mais un peu attrape touriste…

Levada do Caldeirao verde

L’une des randonnées les plus populaires de Madère.

A Madère, la majorité des itinéraires de randonnées suivent des canaux (les levadas) qui permettent à l’eau de s’écouler des montagnes vers les zones plus sèches en contrebas. Beaucoup servent à l’irrigation des cultures et certaines sont utilisées pour produire de l’électricité. Les plus anciennes levadas datent du XVe siècle. Et quand on voit certains passages abruptes, à flanc de montagne, on imagine la rudesse des conditions de construction de ces canaux.

Dans le guide Rother, la levada do Caldeirao verde (n°28) et la levada do caldeirao do inferno (n°29) qui se fait à la suite, font partie du Top 5 des randos à faire à Madère.

Nous commençons la randonnée à 10h45, depuis le parking du parc forestier das Queimadas. Il ne coûte que 2,5€ la journée, pourtant certains se garent sur la route étroite pour ne pas payer…

Du début à la fin de la rando, on marche le long de la levada do Caldeirao verde, sous le couvert des arbres (cèdres, hêtres, lauriers, bruyères…), entourés d’une végétation luxuriante laissant parfois apercevoir la côte nord ou une cascade. De l’eau ruisselle le long des hautes parois et des plantes, on se mouille la tête et les pieds. Ce parcours est d’une beauté sauvage magnifique. On se croirait dans la jungle ! Dépaysement assuré !

L’itinéraire est ponctué de 3 tunnels qui nécessitent d’être équipé d’une lampe. Certains passages étant étroits et bas, il faut faire attention à la tête et aux pieds pour éviter de s’assommer ou de marcher dans les flaques et la boue. Axel n’a pas assez baissé la tête et s’est pris une pierre qui dépassait du plafond. Heureusement qu’il avait sa casquette pour limiter les dégâts !

Le chemin qui suit la levada est souvent réduit au simple rebord du canal, qui parfois n’excède pas 30 centimètres. Autant dire qu’il est difficile de se croiser ! Il faut faire marche arrière ou se coller à la paroi pour laisser passer des gens. Mieux vaut aussi ne pas trop souffrir de vertige car l’abîme n’est jamais loin. On a vu une dame, qui faisait partie d’un groupe, arriver toute tremblante au Caldeirao verde ; je ne sais pas comment elle a réussi à faire le retour qui s’effectue par le même chemin !

Le chemin le long de la paroi et le vide en dessous
Le Caldeirao verde (chaudron vert) et sa cascade de 100 mètres de haut

Après le pique-nique, nous décidons de ne pas poursuivre jusqu’au Caldeirao do inferno. Cela représente presque 5 km de plus avec un dénivelé et des tunnels encore plus étroits et bas que ceux déjà traversés. Axel et moi ne sommes pas chauds ! D’ailleurs, sur le retour, les douleurs de dos commencent à apparaître, les mollets tirent et les cuisses chauffent ! 3 jours de marche, après des mois de confinement nous ayant poussés à l’inactivité, c’est trop pour nos muscles peu entraînés !

Pour se remettre de ces 13 km de marche (sans dénivelé) avalés en 4 heures, rien de tel qu’une petite douche et une bonne poncha maison ! El Rei da poncha nous a séduits le premier soir alors on retourne y goûter pour voir si elle est toujours aussi bonne 🙂 Et on confirme, elle est toujours excellente, tout comme leur Nikita ananas… ?

Santana

Nous avions prévu aujourd’hui une randonnée dans le nord de l’île, vers le Pico Ruivo qui est le point culminant de Madère avec une altitude de 1862 mètres. Mais à quelques kilomètres de l’arrivée, un panneau « route barrée » nous a stoppés. Vue la largeur des routes, nous n’avons pas osé tenter d’avancer, ne sachant pas si nous pourrions faire demi-tour.

Nous nous sommes rabattus sur une petite randonnée de 4,5 km, facile, dans la forêt primaire composée notamment de lauriers géants (laurisylve) classée au patrimoine mondial naturel par l’Unesco. Nous sommes partis de Pico das pedras en direction du parc forestier de Queimadas.

Au parc de Queimadas, on trouve une auberge au toit de chaume et quelques sentiers forestiers. C’est surtout le point de départ de la randonnée vers le Caldeirao verde que nous ferons demain.

Pour nous remettre de notre déception, nous déjeunons au Cabo Aereo Café. L’accueil chaleureux et le repas cuit au feu de bois nous réconcilient avec cette journée mal débutée. Les brochettes de bœuf cuites sur des tiges de lauriers sont la spécialité du coin. Ce resto est simple mais excellent et offre une vue sublime. Et la poncha maison aux fruits de la passion offerte par le patron est super bonne !

Un peu plus loin en allant vers l’ouest, un autre mirador permet de voir la côte et les falaises qui tombent dans l’océan. Sous le soleil, c’est magnifique mais j’imagine que sous la pluie ça doit être très austère. Pour agrémenter ces sublimes paysages, des fleurs poussent partout au bord des routes et des chemins : agapanthes, hortensias, lauriers roses, bougainvilliers… Ce n’est pas pour rien que Madère est appelée le jardin de l’Atlantique.

C’est à Santana que l’on peut voir les fameuses maisons traditionnelles de Madère, en V inversé avec leur toit de paille. Malheureusement elles se font rares. On en voit encore par ci par là dans le village en cherchant un peu. Certaines sont recouvertes de tôle, bien plus facile à entretenir qu’un toit végétal, d’autres carrément à l’abandon. Quant à celles qui sont dans le haut du bourg, elles sont presque trop bien rénovées ! Et surtout elles sont envahies de touristes adeptes de selfies et de poses très étudiées, déposés là par les bus.

Au parc de Queimadas, on trouve même des poulaillers calqués sur ces jolies maisons !

Pour éviter de reprendre la route côtière et ses nombreux tunnels (moi qui suis claustrophobe, je dois prendre sur moi !), on rentre à Funchal en coupant par la montagne. A Ribeiro Frio, on trouve une place sur le mini parking en bord de route et faisons la jolie balade de la levada dos balcoes. 2,5 km aller-retour pour atteindre un belvédère qui, par temps clair, permet de voir le Pico Arieiro, les montagnes environnantes et la côte nord… mais les nuages ont squatté les sommets, avalant le Pico Arieiro. Le panorama est malgré tout splendide avec ces vallées encaissées et recouvertes de forêts de lauriers. Toute cette zone fait partie du Réseau Natura 2000.

Du côté de la côte, le ciel est plus dégagé. Le belvédère permet de voir jusqu’à Faial et d’observer plein de mignons petits oiseaux.

Demain on continue sur notre lancée, on fait la randonnée classée dans le Top 5 des randos à Madère : le Caldeirao verde. Il faut éliminer tout ce qu’on a accumulé pendant les confinements !!!